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TERRES DE SAVEURS ET SAVOIRS
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14 février 2016

Connaître Gérard Oberlé

« J’ai le vin littéraire. Son arôme, son goût me parlent avec des images, des musiques, des voix de personnes aimées, des conversations avec des vignerons défunts… » Ainsi écrit Gérard Oberlé.

image_galleryGérard Oberlé est né en 1945 à Saverne (Alsace), « territoire bachique », de parents lorrains. Il quitte sa famille à onze ans pour aller dans un collège de jésuites en Suisse, puis dès l’âge de 17 ans, « assure seul sa pitance et se laisse guider par ses curiosités : standardiste de nuit à La Poste, maître auxiliaire de latin-grec à Metz, licence de lettres à la Sorbonne.» Devenu libraire de livres anciens depuis 1967, découvreur d’ouvrages méconnus, Gérard Oberlé, nomade dans l’âme, s’installe en 1976 dans un manoir nivernais, où il a fait paraître divers catalogues spécialisés sur la littérature de colportage, le roman noir, les fous littéraires, ou encore la poésie néo-latine en Europe du xvie au xixe siècle. Un lieu qu’il « transforme en librairie, voire, si l'on en croit son ami Jim Harrison, en bastion des plaisirs de bouche… ». Gastronome lettré, Gérard Oberlé est l’auteur d'une Histoire du boire et du manger de l'Antiquité à nos jours (1990), d’un Itinéraire spiritueux (2006) et d’une «enquête gastronomico-ethnologique» sur le saucisson italien, Salami (2002).

Gérard Oberlé est également l’auteur de plusieurs romans, dont Nil rouge (1999), inspiré par ses nombreux séjours à Assouan (Egypte), Retour à Zornhof (2004), mémoires d’un écrivain sexagénaire séjournant une dernière fois sur les lieux de son enfance, en Lorraine, ainsi qu’un roman épistolaire, Emilie, recueil de chroniques publiées dans le magazine Lire entre 2004 et 2010.

Considéré comme l’un des plus grands bibliophiles français, Gérard Oberlé, admirateur de Billie Holiday et fumeur de havane, a également publié chez Flammarion, un recueil de ses chroniques sur France Musique : La vie est un tango (2003).

Passionné d'humanisme et d'érudition, il a, dans ses recherches et travaux, donné une priorité aux ouvrages méconnus, par exemple Jean-Baptiste Chassignet auteur, en 1594, du Mépris de la vie. Mais aussi les poètes baroques, les bizarres, les petits romantiques, etc. Il a réédité aux Éditions 1900 les Légendes et chants de gestes canaques de Louise Michel. 

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En 1989, il publie Les Fastes de Bacchus et de Comus, catalogue bibliographique d'une importante collection de livres de gastronomie. Il rédigea en 1992, dans le même esprit le catalogue Kilian Fritsch, bibliophile collectionneur de livres sur le vin et l'oenologie.

"Les fastes de Bacchus et de Comus ou Histoire du Boire et du Manger en Europe de l'antiquité à nos jours à travers les livres" sont le catalogue d'une importante collection de livres anciens sur la gastronomie. Gérard Oberlé a eu l'idée de développer les notices pour en faire un ouvrage de référence. Voici donc le premier ouvrage français décrivant en 1181 numéros des livres parus en Europe du XVè au XXè siècle sur le boire et le manger.

Dans cette collection remarquable, tous les grands noms de la littérature gastronomique sont évoqués, depuis Apicius, Platine, Messisbugo, Grimod de La Reynière, Carême, Brillat-Savarin, Alexandre Dumas, Monselet, Dubois et Bernard, Escoffier, sans oublier Menon, le cuisinier Marin; mais aussi l'art de trancher, les festins officiels, les poètes gourmands, les chansons de table, les légumes, le gibier, la pâtisserie et la confiserie, l'apiculture et le miel, la laiterie et le fromage, l'art de la distillation, les régimes alimentaires et les manuels de santé. Le vin, la viticulture, la vinification, les fastes de Bacchus, le tabac et les drogues, la pharmacie, l'art de vivre, la civilité, les coutumes de table, l'art de recevoir, de gouverner une maison, le protocole des festins sont également représentés.

Chaque notice fournit des renseignements bibliographiques détaillés, collations exactes, références, description des illustrations, repères biographiques sur les auteurs, analyse de l'ouvrage, et définit l'importance historique du volume. Chapitres spéciaux sur l’Ecole de Salerne, la littérature gastronomique ancienne et moderne – La cuisine et la science, les régimes – Les moeurs de la table, le savoir-vivre, les fêtes et banquets – l’Art du tranchage – Les cris de la rue – Les halles, marchés, le commerce – L’agriculture et maison rustique – Les légumes et la cuisine végétarienne – Les champignons – Le café, thé et chocolat – Les poissons et fruits de mer – Le lait, beurre, fromage – La boulangerie – Le sucre – La table et la religion, jeûne, carême, gourmandise – Menus et publicité – La vigne, le vin, et la littérature bachique – Les chansons de table – Le tabac et les drogues – Les bibliographies gastronomiques. Avec de nombreuses illustrations en noir et en couleur.

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Dans "Une bibliothèque bachique. Collection Kilian Fritsch", il s'agit d'unimportant catalogue bibliographique sur le vin, la viticulture de l’Antiquité à nos jours. 617 numéros décrits avec des notices biographiques, bibliographiques, historiques et anecdotiques : la Vigne et le vin dans l’antiquité, au Moyen-Age, Renaissance, XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Viticulture set oenologie aux XIXe et XXe siècles. Viticulture et littérature en Bourgogne, Bordelais, Champagne, autres régions. Distillation et liqueurs – Commerce et législation – Ordres de la boisson, confréries bachiques – Moeurs et coutumes, ivrognerie, chansons à boire – Littérature bachique – publicités et bibliographies.

 Lorsqu'il fait paraître "Itinéraire spiritueux", Gérard Oberlé précise : “L’ancien mot ivrongne est l’anagramme de vigneron. J’ai voulu célébrer les deux dans un récit familier et burlesque où croisent aussi des poètes et des paysans, des bonnes filles et des vilains garçons, des chanoines et des chiens, des barmen, toutes sortes de paroissiens… et mon père. Le cul des bouteilles m’a servi de lorgnette et les verres à cocktails de kaléidoscopes. Disons que ma vision du monde est un peu trouble. Une chance ! Quand je verrai les choses comme elles sont réellement, il sera temps de fermer boutique.” 

 

Spirituel et spiritueux dérivent de la même racine. Enfant, c’est à l’église et au bistrot que le narrateur a appris la musique, par des cantiques et des chansons à boire. Il a poussé entre eau bénite et eau-de-vie, à une époque et dans un milieu où la mode était aux bons maris, bons pères, bons ouvriers et bons chrétiens. 

218La pratique quotidienne de ces vertus demandait des compensations. C’est dans la bouteille qu’on allait les chercher le plus souvent.Trajets toujours arrosés, itinéraire romanesque débordant, avec bacchanales et gueules de bois domestiques ou exotiques, roulis et tangages, voies solennelles et culs-de-sac, beaux accords et lourdes factures, blandices et brouillards, soixante années de croisières où les vents ont soufflé comme des désirs en fête, avec des récifs où chantent les sirènes, des ports sans angoisse, des cabarets de la dernière chance et, toujours, de nouveaux appareillages. Ce roman a été couronné par le Prix Mac Orlan, le prix Edmond de Rothschild et le prix Rabelais. 

“Ses livres, ses voyages, et ses déplorations du temps qui passe, sont loin d’être solubles dans l’alcool. Fidèle aux mythes allemands, dans ce monde tragique, il se voit en meneur de la dansemacabre et en timonier de la nef des fous. Où il embarquerait des amis choisis, avec qui il boirait le sang des copains, ces bouteilles issues des buttes rouges imprégnées de souvenirs.” Note Luc le Vaillant dans Libération. 

“N’ayant jamais séparé le vin et l’encre, les viticulteurs et les littérateurs, ses belles reliures et ses grandes bitures, Gérard Oberlé les célèbre ensemble dans Itinéraire spiritueux, un ouvrage de “haulte graisse” qu’on déconseillera aux foies fragiles et aux âmes sensibles. Comme un défi aux lois qui régissent les démocraties commerciales, cette autobiographie d’un genre un peu particulier déroule ses sortilèges sur le mode d’une célébration baroque de l’excès.” écrit Sébastien Lapaque dans Le Figaro littéraire. 

Voilà pourquoi amis des vins et de la gastronomie il m'a paru intéressant et nécessaire de vanter le travail d'un individu dont le moins que l'on puisse écrire est qu'il ne saurait être mauvais puisqu'il nous invite à sa table pour nous faire partager son érudition. Un vrai libertin. Et maintenant à boire !

B&P (amateur de livres anciens et spiritueux)

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